L'opération s'est déroulée à Lussas "sans incident", sans que personne n'ait à entrer dans la parcelle d'environ 6.000 m2, et la gendarmerie présente sur les lieux n'est pas intervenue, selon les organisateurs. "Jusqu'à présent ce sont les OGM qui polluent les paysans autour, et bien là pour la première fois nous allons polluer la semence en envoyant du pollen de maïs traditionnel et le semencier ne pourra rien en faire. C'est la politique de l'arroseur arrosé, on va polluer le pollueur", a déclaré José Bové, joint par téléphone. Le semencier français Limagrain a annoncé son intention de porter plainte et qualifié l'opération de "nouvelle forme de sabotage". Selon Jean-Claude Guillon, le directeur stratégie et communication du groupe, "c'est parfaitement l'équivalent d'une destruction, puisque la pureté du maïs est exigée dans tous les cas de commercialisation". "On va analyser les conséquences de ces actes mais c'est certain qu'on va porter plainte", a-t-il ajouté. Sollicitée, la préfecture de l'Ardèche n'a pas souhaité faire de commentaire. Selon les organisateurs de l'opération, l'action s'est déroulée "dans un cadre légal" car personne n'a eu à entrer dans le champ. "Nous avons simplement agité des épis en fleur pour +baptiser+ le champ OGM. Les pollens sont déplacés par le vent, les insectes, les humains, donc on a pas eu besoin de rentrer dans la parcelle", a affirmé Gabriel Fabregoule, responsable d'Agribio Ardèche, association de promotions des produits biologiques du département. Les anti-OGM accusent les semenciers d'OGM d'être incapables de maîtriser les pollens de leurs plantes et de contribuer à la prolifération des OGM dans les champs de cultures traditionnelles. La parcelle de Limagrain concernée par l'action est située à Lussas, près d'Aubenas. Interrogé récemment par l'AFP sur les sites de Limagrain, le groupe avait mentionné des champs dans le Tarn-et-Garonne et le Gers, mais aucun en Ardèche. Le directeur général du groupe, Daniel Chéron, avait annoncé début juillet qu'il "s'interrogeait très sérieusement" sur la poursuite de ces essais en France, à la veille du Grenelle de l'environnement qui doit notamment se prononcer sur les OGM.
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