Marie des grèves ....

Pour faire avancer le schmilblick .....

Article paru le 19 septembre 2007  dans l'HUMANITE

Roger Martelli « Une force politique neuve pour porter un projet neuf »

Vous analysez dans votre livre les résultats de la gauche aux élections du printemps. Quelles sont selon vous les raisons de sa défaite ?

Roger Martelli. C’est toute la gauche qui a été battue. Sarkozy portait les couleurs d’une droite combative, appuyée sur un projet de société cohérent. À gauche, les électeurs n’ont retenu que deux options : celle, en apparence la plus utile, d’une gauche d’adaptation sociale-libérale et celle, minoritaire, d’une gauche de « coup de pied dans la fourmilière ». Manquait une gauche parlant à plusieurs voix pour porter ensemble un projet et une perspective à vocation majoritaire, mais bien à gauche, adossée à la thématique du changement social. À côté du recentrage socialiste, seule était crédible une dynamique de rassemblement transformateur. Nous avons eu l’éclatement. Dès lors, le piège était refermé et les carottes étaient cuites. C’est Bayrou qui a joué le rôle du « troisième homme ». Pas les « antilibéraux ». Dommage pour la gauche ; dommage pour le communisme politique. On aurait pu faire autrement…

Vous vous livrez à une critique de l’antilibéralisme.

Roger Martelli. Les antilibéraux ont été « anti » plutôt que « pro ». Ils avaient un embryon de programme, mais n’ont pas porté un projet, qui donne sens aux propositions et incarne l’aspiration au renouveau radical. Nous ne l’avons pas assez travaillé. Parce que les divergences étaient trop fortes entre nous ? Sur la question de l’Europe, elles ne nous avaient pas empêchés hier de dire à la fois notre refus et des propositions alternatives fortes. Aujourd’hui, face à la droite, la question du projet alternatif est fondamentale, ce qui oblige à préciser le commun et à cerner les différences. Mais ne croyons pas que nous allons d’abord formuler le projet, et seulement ensuite construire la force qui le porte. Où est l’oeuf, où est la poule ? Nous serons d’autant plus stimulés dans l’élaboration du projet commun que nous aurons amorcé ensemble une dynamique d’agrégation forte. Accepterons-nous que se referme pour longtemps le piège d’une gauche sociale-libérale majoritaire et d’une gauche contestataire minoritaire ? Ou entamons-nous sans attendre un processus ouvrant une autre voie, qui ne peut être que partagée ? Répondre à cette question, c’est d’abord affaire de volonté politique.

Vous vous prononcez pour la fondation d’une nouvelle force politique. Un nouveau parti ? Un cartel ?

Roger Martelli. Aucune force existante n’est en état de rassembler autour d’elle une majorité à gauche. Un cartel d’organisations n’est pas assez cohérent pour être crédible. La reconduction des formules d’hier du « rassemblement antilibéral » n’est pas à la hauteur des enjeux. Pour que s’impose dans le champ politique un projet neuf, il faut qu’apparaisse durablement une force politique neuve qui la porte. Pas une coalition mais une force unitaire, à la fois plurielle et cohérente qui, pour être efficace, doit avoir la visibilité et les attributs qui sont à ce jour ceux d’un parti. On ne dira pas d’elle qu’elle est communiste, féministe, écologiste, trotskyste, altermondialiste, etc. ; mais elle doit être un peu de tout cela pour acquérir force majoritaire. Elle devrait donc inclure une composante communiste. Je ne crois plus à l’avenir du communisme politique sous la forme d’un parti séparé, comme cela a été le cas pendant des décennies. Le communisme étouffe à ne pas entremêler son destin avec celui des autres forces critiques. Mais, en sens inverse, je ne vois pas de dynamique solide pour une force de transformation sociale sans l’apport de la tradition communiste en son sein. Je ne veux pas d’un communisme croupion, à la marge de la vie politique. Un communisme qui n’est pas politiquement utile s’étiole. Or l’expérience montre que, seul, il ne sert plus politiquement à grand-chose. Contrairement aux apparences, continuer aujourd’hui, c’est courir le risque de dessécher un patrimoine. La liquidation n’est pas toujours où l’on croit.

D’autres que vous, au Parti communiste, évoquent la nécessité d’une force nouvelle. Qu’est-ce qui vous distingue ou vous rapproche ?

Roger Martelli. Je constate que des communistes de plus en plus nombreux évoquent la force politique nouvelle. Tant mieux. C’est pour moi le signe que nous pouvons aller de l’avant. Ne perdons donc pas de temps pour discuter de ce qui me paraît l’essentiel : si force nouvelle il doit y avoir, autour de quelle visée, de quelle ambition, de quelles forces sociales, avec qui et comment ? Et comment penser, dans ce cadre, la place d’un communisme refondé ? On ne va pas plus vite que la musique. Mais le temps nous est compté.

Refondation, pour une nouvelle force à gauche. Éditions Regards, 160 pages, 9 euros, www.regards.fr

Entretien réalisé par Olivier Mayer



24/09/2007
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