Marie des grèves ....

A la coordination des collectifs ....

Bien que toujours membre du PCF !!!!! je suis pour ma part en accord total avec ce courrier !!!! des unitaires de la LCR....

 

 

Au secrétariat de la coordination

 

Paris, le 12 juillet 2007

 

Chères Amies, Chers Amis,

 

Des délégations de votre secrétariat et du courant Unir de la LCR se sont rencontrées ce mardi 10 juillet. Cette entrevue aura permis un premier tour d'horizon, même s'il n'a pu porter sur les questions selon nous essentielles, qu'il s'agisse des principaux points de la lettre que nous vous avions adressé le 22 juin (à propos desquels vous nous avez dit ne pas être en mesure d'apporter une réponse commune), du bilan des six derniers mois (que vous ne souhaitiez pas aborder) ou de l'appréciation de la nouvelle période politique ouverte par la victoire de Nicolas Sarkozy (dont la coordination n'avait pas débattue, étant préoccupée par d'autres impératifs).

 

Afin de permettre un échange plus fructueux à l'occasion d'une prochaine rencontre, nous vous avons proposé de mettre sur le papier notre point de vue sur les questions qu'il convient de débattre entre nous, ce qui devrait faciliter une réponse collective de votre part.

 

Pour commencer, nous tenons à vous dire, une nouvelle fois, que nous considérons intolérable le climat qui s'est, depuis la rencontre de Montreuil, en janvier, instauré au sein de l'espace antilibéral. Le recours systématisé aux invectives, aux injures, aux insinuations, aux coups de force entretient non seulement une situation de dépolitisation préoccupante des échanges entre militants, mais elle s'oppose à l'idée, qui devrait pourtant nous être commune, d'une autre façon de faire de la politique. Pour notre part, nous considérons comme un préalable que cessent des mœurs qui concourent dangereusement à la désagrégation et à l'éparpillement des forces antilibérales.

 

S'agissant du bilan des mois écoulés, nous partageons avec vous l'idée que les désaccords qui peuvent nous opposer à ce propos ne sauraient nous interdire d'examiner ce qu'il est aujourd'hui possible de faire ensemble pour rouvrir le chemin du rassemblement des forces antilibérales au sein de la gauche. Il n'en demeure pas moins que le problème ne peut se trouver purement et simplement évacué. Se mettre au clair sur la manière dont les uns et les autres apprécient la séquence électorale qui vient de s'achever s'avère, en effet, l'une des conditions permettant de vérifier les accords, nuances ou divergences pouvant exister sur les perspectives.

 

Pour ce qui nous concerne, nous ne tenons quitte ni la direction majoritaire de la LCR, ni celle du Parti communiste, de leurs responsabilités dans l'échec de la tentative d'aboutir à des candidatures communes pour la présidentielle et les législatives. Nous ne pouvons davantage ignorer que la candidature de José Bové s'est ensuite – alors même que de nombreux militants se sont engagés derrière elle pour manifester leur juste rejet des logiques de division à gauche du social-libéralisme - écartée de l'objectif de l'unité de toute la gauche antilibérale. Nous considérons même qu'elle a, par sa posture politique, concouru à la fragmentation de l'espace antilibéral. Et nous ne voulons pas non plus faire l'impasse sur le non-respect du consensus dès le lendemain de la rencontre de Montreuil, sur la confusion délibérément entretenue entre les structures de la campagne Bové et la coordination, sur la récupération de la légitimité des collectifs au profit de la candidature de José Bové, ces éléments ayant conduit nombre de collectifs, refusant de s'engager dans une campagne, à se mettre à l'écart dans la mesure où ils ne s'estimaient plus représentés par une structure parlant théoriquement en leur nom. Sans même parler du désaccord enregistré à l'occasion des législatives, lorsque l'on est passé de la décision prise à Bobigny - rechercher le maximum d'accords représentatifs des diverses familles de la gauche antilibérale -, à une politique consistant pratiquement à présenter le plus grand nombre possible de candidatures affiliées à SEGA, se proclamant « unitaires » mais se situant systématiquement dans des problématiques de concurrence avec le PCF et la LCR, le véritable objectif apparaissant de bénéficier de la dotation de l'État (ce qu'un camarade des Alternatifs des Alpes-Maritimes reconnaît très honnêtement dans sa réponse au précédent courrier de Christian Picquet).

 

Vous comprendrez que, si l'on veut réfléchir aux moyens de surmonter les dégâts commis, il ne nous paraisse pas superflu de procéder, sans trop tarder, à un travail soigneux d'évaluation critique de cette période.

 

Cette question nous amène à celle qui semble vous tenir le plus à cœur aujourd'hui, à savoir la structuration nationale des collectifs que vous coordonnez. Ce qu'il demeure aujourd'hui des collectifs, qu'ils se réfèrent d'ailleurs à l'actuelle coordination ou qu'ils s'en tiennent à distance, représente, il est vrai, un héritage précieux de l'entreprise de rassemblement que permit la campagne du « non » de gauche au traité constitutionnel européen, et un atout essentiel pour aborder l'avenir. Préserver cet acquis, le « stabiliser » comme vous dites, aurait dû impliquer :

-         de chercher à renouer les liens entre collectifs, quels qu'aient été leur choix pour la présidentielle et les législatives ;

-         de restaurer à cette fin un fonctionnement au consensus, parce que c'est l'unique moyen de sauvegarder l'unité dans la diversité ;

-         de nourrir un travail de réflexion pour savoir de quel espace d'échange et de débat les collectifs (dans leur pluralité) estimaient avoir besoin, dans le respect de leur indispensable autonomie :

-         d'aider au retour du maximum de composantes politiques dans une convergence reformée.

 

Nous devons, hélas, constater que tel n'est pas le choix qu'a opéré votre réunion nationale des 23 et 24 juin. Dans la motion adoptée à cette occasion, nous relevons ainsi :

-         qu'il n'est désormais plus question de faire coexister des courants organisés  et des militants issus de cultures différentes, mais seulement de regrouper des individus par-delà leur appartenance ;

-         que la norme de fonctionnement retenue n'est plus le consensus, mais la règle majoritaire : « une personne, une voix » ;

-         que l'objectif des assises envisagées pour novembre est de vous « donner au niveau national des règles de fonctionnement, de décision et de représentation démocratiques, ainsi qu'une dénomination ».

 

C'est là définir l'objectif d'un nouveau mouvement politique. Ce 10 juillet, nous avons bien entendu, de la part de plusieurs d'entre vous, énoncé un ferme refus d'un tel projet, et même l'idée qu'il y aurait eu une mauvaise maîtrise collective de la rédaction de la motion. Nous vous en donnons volontiers acte, mais c'est à vous qu'il appartient de lever, au plus tôt et explicitement, les ambiguïtés. En attendant, la logique du texte dont vous vous revendiquez n'en demeure pas moins. Ce n'est, à cet égard, pas vous faire un faux-procès de considérer que vous vous trouvez bel et bien engagés dans une démarche conduisant à la constitution d'une organisation à part entière.

 

À dire vrai, cet objectif n'a, en soi, rien d'illégitime, et nous comprenons parfaitement que certains, dans la mouvance de votre coordination, l'assument ouvertement. Simplement, nous ne le partageons pas, estimant qu'il ne procède nullement de la visée stratégique qui demeure la nôtre : unir les énergies antilibérales dans leurs diverses réalités, pour conquérir une majorité à gauche sur une orientation de rupture avec l'ordre établi.

En l'état, vous comprendrez donc que nous ne puissions nous situer dans le cadre de la démarche, que dessine la motion des 23 et 24 juin, en vue des assises de l'automne.

 

Pratiquement, cette discussion renvoie à la question que vous n'avez pu aborder avec nous ce 10 juillet, à savoir l'appréciation de la nouvelle période. Selon nous, cette dernière se caractérise par une double rupture dans notre histoire politique : à droite, avec la contre-révolution conservatrice qui structure le projet de Nicolas Sarkozy et dont le dessein consiste à adapter définitivement le pays aux normes de la mondialisation marchande et financière ; à gauche, avec l'achèvement de la mutation sociale-libérale qui amène le Parti socialiste à trancher le derniers liens qui l'arrimaient encore à sa propre histoire comme aux valeurs fondatrices du mouvement ouvrier. Le danger, majeur, est que ces deux ruptures agissent à présent en synergie, et qu'elles ne finissent par verrouiller pour longtemps le jeu politique, au moyen d'un bipartisme reléguant aux marges les formations n'ayant pas renoncé au changement social.

 

Dans ces conditions, c'est à la refondation d'une gauche de gauche qu'il convient de travailler, non à un replâtrage de ce qui existe, ou à des opérations qui aggraveraient de facto la fragmentation à gauche du Parti socialiste. Il importe, plus que jamais, de chercher à fédérer toutes les énergies antilibérales au sein de la gauche, et de le faire en sachant s'adresser à toutes celles et à tous ceux qui, sur le champ partidaire, dans les collectifs, ou encore dans le mouvement social, n'entendent pas renoncer à la transformation sociale, refusent l'aggiornamento libéral de la gauche et la recherche d'alliances au centre, qui inspirent le centre de gravité directionnel du PS. Aucune des forces et structures ayant été mêlées à l'échec de notre tentative de rassemblement pour les scrutins de 2007 ne saurait, à elle seule, disposer de la force propulsive indispensable à une entreprise de redistribution générale des cartes à gauche.

 

De nouveaux espace pluralistes sont indispensables, où toutes les familles de la gauche du « non » au TCE puissent se retrouver, de la LCR aux secteurs de gauche du Parti socialiste, du mouvement des collectifs antilibéraux au Parti communiste, des républicains de gauche à la tradition « écolo-alternative », en passant par ces milliers de militants associatifs ou syndicaux qui cherchent à adosser la résistance sociale à des éléments de réponse politique. C'est seulement de cette manière, au moyen d'une approche « grand angle », que nous parviendrons à enclencher les réflexions nécessaires et à poser les actes politiques qui s'imposent, pour aboutir à terme à une nouvelle force politique.

 

C'est cette approche qui a guidé notre participation au lancement de « Maintenant à gauche ». Vous nous avez fait part de votre sentiment d'avoir affaire à un acte hostile à ce que vous représentez, l'un d'entre vous évoquant même de possibles polémiques publiques en réaction aux propositions formulées par ce carrefour de débat et d'initiatives. Nous vous le disons sans détour, voilà une bien curieuse manière d'appréhender les urgences du moment. L'heure est-elle vraiment, par-delà ce qui nous distingue sur tel ou tel aspect, à la relance des querelles boutiquières et à l'entretien de l'esprit de chapelle, ou commande-t-elle plutôt de se féliciter de tout ce qui favorise la convergence des forces de transformation sociale à gauche ?

 

Nous vous le répétons, pour lever tout malentendu et écarter toute interprétation tendancieuse, « Maintenant à gauche » récuse toute logique de concurrence vis-à-vis de quiconque. Il ne souhaite ni jeter les fondations d'un mouvement politique, ni s'autoproclamer coordination de quoi que ce soit, ni même se présenter comme le creuset de la refondation nécessaire. Il se veut simplement une structure de facilitation du dialogue entre sensibilités antilibérales, afin de permettre que des débats essentiels puissent reprendre et, surtout, que la question fondamentale d'une nouvelle force de transformation sociale à gauche, largement rassembleuse et pluraliste, soit posée dans le débat public. Les rendez-vous proposés à l'issue de sa première réunion nationale, le 7 juillet, obéissent à cette unique fonctionnalité.

 

Pour conclure, nous appelons de nos vœux la poursuite des discussions entre nous sur l'ensemble des points évoqués précédemment. Pour que puissent être précisés, de part et d'autre, les termes exacts de nos discussions, il serait souhaitable que l'échange puisse se poursuivre par écrit, afin de préparer dans les meilleures conditions une nouvelle rencontre à la rentrée.

 

Notre conviction n'a pas varié : celles et ceux qui ne se résignent pas à faire du libéral-capitalisme un horizon indépassable ont encore un long chemin à parcourir ensemble. Nous nous félicitons, de ce point de vue, que votre réunion des 23 et 24 juin ait fait sienne l'idée d'états généraux pour une gauche de gauche, qui avait précédemment été avancée par divers textes ou tribunes, et que reprend l'appel fondateur de « Maintenant à gauche ». Reste à préparer cette perspective en faisant en sorte qu'elle devienne réellement l'objectif commun du plus grand nombre possible de forces, courants et militants, et qu'elle permette d'agir ensemble, avec tous ceux qui s'y montreront disposés, à l'échelon local ou régional autant que sur les lieux de travail et d'études, afin que des rencontres réunissant toute la gauche antilibérale soient organisées dans les prochains mois.

 

Telles sont, Chères Amies, Chers Amis, les réflexions et propositions que nous inspire notre entrevue du 10 juillet.

 

Bien fraternellement.

 

La délégation du courant « Unir » de la LCR à la rencontre du 10 juillet :

Alain Faradji, Christian Picquet, Paul Rigaud, Francis Sitel

 

 



14/07/2007
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